Pour rien au monde Ken Follett
Un bon triller d’espionnage sous tensions internationales et diplomatiques.
Des chapitres qui s’alternent entre trois points du monde, trois fils qui tissent l’intrigue :
- Washington où Pauline Green est présidente des États-Unis, femme modérée à la tête du parti républicain.
- Tchad en Afrique où des agents secrets luttent contre les terroristes en tous genres : passeurs, drogues etc..
- La Chine où un jeune vice ministre modéré, se heurte à la vieille garde militariste qui veut sauver l’honneur de la Chine, sur fond de conflit avec la Corée du Nord.
On y retrouve des actes héroïques, des tyrans narcissiques, des machinations politiques et des gens de bonnes volonté qui essaient de résoudre les conflits.
C’est un triller efficace qui nous rappel que les armes nucléaires existent, et que POUR RIEN AU MONDE on voudrait les voir utiliser.
Cette fiction est sortie en novembre 21, et en la lisant je n’ai pu m’empêcher de penser à la situation internationalement actuelle.
Je pense que Ken FOLLET nous réserve un deuxième tome, et que ce dernier nous donnera l’espoir d’un avenir plus clairvoyant pour notre planète et pour les être humains qui y vivent.
Les nuits de la peste Ohran Pamuk
Oh là là, si vous n’avez pas de temps ni de calme pour vous concentrer, alors remettez à plus tard « Les nuits de la peste » mais ouvrez ce roman un jour ou l’autre. Vous serez ébloui par cette grande fresque reconstituant une micro société multiculturelle sur une île imaginaire ancrée dans la géographie de la méditerranée orientale, telle qu’elle existe et qui la rend plus vraie que vraie.
Une épidémie de peste, au tout début du XXème siècle, y déclenche une mise en jeu des pouvoirs politiques et religieux au sein des communautés orthodoxes et musulmanes.
Les protagonistes hauts en couleurs y déploient à l’envi tous leurs côtés calculateurs, retors, obséquieux et cependant attachants. Traîtrise, double-jeu, espionnage, tortures et exécutions mais aussi loyauté, amitié, amour et sensualité se croisent et s’entrecroisent autour du bubon et de son pestiféré.
Réflexion sur le rejet de la tutelle d’Istanbul, de l’instauration de l’indépendance et de la définition de la Nation, ce roman regorge de sujets, de personnages, d’évènements, de rebondissements et de détails parfois drôles auxquels j’ai franchement souri, de couleurs et de senteurs : un travail monumental ; quel plaisir pour le lecteur !
Rien à foutre Emmanuel Marre et Julie Lecoustre
Cinq fois par semaine, Cassandre s’envole pour des destinations aux 4 coins de l’Europe. Basée à Lanzarote avec d’autres collègues de sa compagnie, elle est hôtesse de l’air pour « Wing », une compagnie low-cost au personnel aérien aux uniformes bleu et jaune et qui, derrière les masques des sourires (forcés), subit un management impitoyable. Un métier malgré tout échappatoire, loin de sa terre natale wallonne où vivent son père et sa sœur, avec, dans le sillon, la perte accidentelle de la mère.
Au-delà de l’immersion dans la vie d’une hôtesse de l’air d’une compagnie Low Cost ne parvenant pas à affronter le deuil, « Rien à foutre » est aussi un portrait de la jeunesse d’aujourd’hui, de ses fêtes, de ses fuites.
La narration est relevée par une mise en scène troublante de réalisme (caméra à l’épaule, nombreux plans-séquences, scènes tournées sans autorisation à l’insu des personnes visibles à l’écran, dans la rue, les boîtes de nuit ou les aéroports). Pour moi, un cinéma qui fait du bien de par ses partis pris techniques originaux, le regard porté sur la manière avec laquelle les humains évoluent dans le monde capitaliste d’aujourd’hui, sans oublier la performance exceptionnelle d’Adèle Exarchopoulos ! A voir !!
Mahmoud ou la montée des eaux Antoine Wauters
Ou l’évocation de la vie de Mahmoud, engloutie dans les eaux du lac artificiel, Al-Assad ;
Choix pharaonique d’un despote syrien rêvant de prospérité ( ?) ; et puis la guerre et ses horreurs qui ravagent des familles entières.
Antoine WAUTERS nous en propose les contours, sorte d’esquisses exprimant douleurs et chagrins.
Et pour dire leur incommensurabilité, il choisit les vers libres, écriture fluide. Leur lecture coule comme cette eau omniprésente dans laquelle plonge et dérive chaque jour un peu plus le narrateur.
Tristesse absolue, beauté rare.