Le manuscrit perdu de Saint Riquier Céline Ghys
Ce triller historique nous fait voyager sous le règne des carolingiens. Il est très instructif et bien documenté.
L’enquête débute de nos jours par un crime à l’Abbaye de Saint Riquier. Elle se déroule sous la forme d’un jeu de piste (comme Da Vinci Code) qui nous conduira de l’époque médiévale au scriptorium dirigé par Maître Odon en Allemagne à la découverte des croyances et rituels saxons, peuple exterminé pour les convertir au christianisme par le roi Charlemagne et son petit fils.
Médecine, guerre, religions des francs et des saxons, chasse, aspect et fonctionnement de l’abbaye, travail au scriptorium, aspect de la ville au IX siècle….. sont conformes à la réalité, ce qui rend ce roman historique passionnant!
Le grand voyage de Quenotte Jessica Meserve
Besoin de rassurer vos bouts d’choux avec la peur de l’inconnu ? Cet album jeunesse va bousculer un peu la zone de confort de vos enfants…
Quenotte est une petite lapine qui vit tranquillement dans son terrier avec ses amis lapins, mange des carottes comme les lapins et prend des cours de gym-tunnel et des cours de méfiance de « tout ce qui porte des plumes, des écailles, des cornes ou des sabots ». Et surtout, elle ne s’aventure jamais plus loin que la frontière de son terrier..
Sauf ce matin-là, lorsque Quenotte aperçoit la plus jolie de toutes les carottes, à l’orée de la falaise… elle tire dessus et pif, paf, pouf, elle dégringole avec !
Les illustrations sont très sympas et l’album est super drôle : par exemple, le long de son interminable chute de la falaise, il y a des petits écriteaux rigolos et mignons à lire qui rappellent au lapin le bienfondé de leur conviction (« attention ! inconnu devant ! dernier avertissement ! »). Même quand elle tombe dans le trou par mégarde, il y a encore des écriteaux qui lui disent « on t’avait prévenue… ».
Contrainte de découvrir de nouveaux horizons, Quenotte va en fait faire de belles rencontres (même si ces rencontres sont velues et griffues !!) et se faire de chouettes copains tous très différents d’elle. L’histoire a plusieurs messages : le premier, c’est qu’ensemble on est plus courageux, parfois ça a du bon de faire des erreurs et de se perdre. Le deuxième, c’est que l’inconnu n’est pas forcément synonyme de danger. Au contraire !
Ultramarins Mariette Navarro
Dans un environnement maritime où tout est cartographié, satellisé, calculé avec une rigueur extrême et où tout est sous contrôle, une femme, commandant un cargo de fret, accède à une demande exceptionnelle de l’équipage. Sans le savoir, elle ouvre la porte à un glissement des êtres et des machines, un moment suspendu hors du temps et de l’espace, en plein océan.
Parenthèse de dérive et d’introspection, restituée dans une écriture dense, resserrée, poétique, parfois à la limite du surnaturel, mais aussi sensuelle jusqu’aux effluves.
Un exceptionnel exercice de style.
Sacha & Tomcrouz, Tome 1, Les vikings Anaïs Halard et Bastien Quignon
Sacha et Tomcrouz, c’est : une petite pincée de surprise, une petite cuillère de magie, et une bonne louche d’aventure !
Dans le tome 1, Sacha et Tomcrouz vont débarquer chez les vikings.
Sacha est un jeune garçon, très intelligent, amoureux en secret d’une certaine Jade. Il vit seul avec Peggy, sa maman, une dame très loufoque qui est antiquaire et collectionne plein d’objets.
A l’occasion de ses 10 ans, Sacha va demander à sa mère de lui offrir un rat. Mais qu’elle n’est pas sa surprise quand il ouvre son cadeau et découvre un chihuahua ! Il décide alors de lui donner le nom de l’idole de sa maman : Tomcrouz !
A la nuit tombée, Tomcrouz le chihuahua décide d’aller faire un petit tour dans la maison quand il découvre un petit laboratoire. Et patatras, c’est la cata…
Cette BD jeunesse nous plonge dans un voyage à travers le temps. Les illustrations, très poétiques, sont composées de couleurs qui changent au fur et à mesure de l’ambiance ou du contexte dans lesquels on se retrouve.
Une belle série à suivre pour les jeunes lecteurs, qui compte déjà 3 tomes !
Sirius Stéphane Servant
Au terme de ma lecture, « Sirius » m’a laissé, une nouvelle fois, cette sensation familière si agréable d’avoir refermé un roman lumineux du début à la fin. Je ne sais pas ce qui m’éblouit autant dans les romans post-apocalyptiques. Je ne crois pas que ce soit une attirance inconsciente morbide pour les prophéties d’anéantissement des hommes, mais qui sait ce qui se joue dans nos inconscients ? En fait, je dirais plutôt que j’aime observer les tentatives littéraires de déterminer ce qui reste chez les personnages d’humanité, quand celle-ci a été balayée.
Avec Sirius, qui est un roman jeunesse d’une puissance onirique salvatrice, je ne suis pas restée sur ma faim puisqu’il comporte cette savante dose d’espoir et d’envie de continuer à vivre malgré la fin du monde. Sans trop « spoiler » l’intrigue, je peux dire aussi que je me suis réjouis que le fantastique s’invite ainsi dans le récit car ce genre me fascine quand il est utilisé à bon escient. Pour couronner le tout, les trajectoires de vie et de survie de chaque personnage sont explorées tout en nuances, avec parfois des choix idéologiques qui en disent long sur la condition humaine… Une aventure humaine riche en émotions, à vivre dans la forêt aux côtés d’Avril, une jeune fille qui tente d’élever Kid, son petit frère hyper attachant à la sagacité extraordinaire, et le fameux Sirius, dont je vous laisse découvrir de quel bois il est fait !!
Le bonheur n'a pas de rides HUON, Anne-Gaëlle
Il émane de ce roman bien écrit beaucoup de tendresse, de douceur et de bienveillance.
Les personnages tissent, au fil des pages, des liens forts mais pleins de pudeur.
Quelques rebondissements animent l’intrigue.
Ce roman, lu par l’auteur, est très agréable à écouter. Il illustre positivement le temps qui passe et rend attachantes des personnalités en apparence revêches !
Mise à feu Clara Ysé
Suite à l’incendie de leur maison lors d’une fête le soir du passage à l’an 2000, deux enfants doivent quitter leur mère, dite l’Amazone, et partent habiter chez leur oncle. Vivant dans le traumatisme de la séparation, Nine et Gaspard vont se constituer un espace de rêverie et de liberté hors des carcans de leur oncle sinistre et sombre…
La saveur de certains livres refermés demeure parfois plus longtemps sur le palais que ce que l’on pouvait présager. Mise à feu est de ceux-là : les ingrédients qui la composent paraissent peut-être improbables lors de la lecture – on se demande un peu où l’autrice veut nous emmener – puis le soupçon de merveilleux instillé à la dérobée au fil du récit permet à celui-ci de révéler ses charmes, notamment grâce à Nouchka, la pie intelligente, présence protectrice et belle qui partage le même langage que les enfants. Et si la chute est un peu amère, le goût d’ensemble est relevé par le caractère fantasque du récit et par les belles valeurs transmises par les amitiés fraternelles nouées dans la jeunesse du frère et de la sœur. Lumineux !