D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds Jon Kalman Stefansson
Ari regarde le diplôme d’honneur décerné à son grand-père, le célèbre capitaine et armateur Oddur, alors que son avion entame sa descente vers l’aéroport de Keflavik, en Islande. Son père lui a fait parvenir un colis plein de souvenirs qui le poussent, alors qu’il a quitté sa femme récemment, à quitter également sa maison d’édition danoise pour rentrer en Islande vers son père mourant.
Mais s’il ne le sait pas encore, c’est vers sa mémoire qu’Ari se dirige, la mémoire de ses grands-parents et leur vie de pêcheurs au Nordfjordur, région privée de ses quotas de pêche qui rend leur métier inutile, région privée de la base militaire américaine qui a fait vivre dans le confort cette contrée de son enfance, dans cette « ville qui n’existe pas », et vers le souvenir de sa mère décédée. Ils y retrouvent lâchetés, trahisons et amours du passé.
Jon Kalmann Stefansson entremêle trois époques et trois générations qui condensent un siècle d’histoire islandaise. Il y décrit des personnages merveilleux, des figures marquées par le sel marin autant que par la poésie.
Le pourquoi du titre : à un moment du roman, la tante d’Ari, infirmière, sort fumer… : « Cette fille descend du rocher et plonge son pied droit dans la mer, la gauche suit une fraction de seconde plus tard. Le problème est que personne n’est capable de marcher sur la mer, c’est d’ailleurs pourquoi les poissons n’ont pas de pieds ». Cette gamine qui a voulu se noyer en a été empêchée et la raison de ce suicide raté, nous la connaîtrons à la fin du roman.
C’est un livre bizarre, étrange, sensuel, romantique, avec des phrases scandées qui quelque fois pourraient ressembler à du Proust. J’ai aimé l’atmosphère de ce pays rude, froid, hostile, dont les habitants montrent tant de courage à vivre ou à se désespérer. Le temps du roman, j’ai habité ce pays…
Les chaussures italiennes Henning Mankell
Fredrik Welin, 66 printemps au compteur, vit en véritableermite sur une île de la Baltique. Naufragé volontaire, il n’aspire désormais qu’à une seule chose : subsister en totale retraite de tout et de tous, en ressassant à l’envi cette tragique erreur qu’il a commise il y a 12 ans de cela, alors qu’il exerçait son métier de chirurgien. Il voit régulièrement une sorte de facteur étrange qui vient surtout pour se faire ausculter alors qu’il ne souffre de rien et n’apporte que rarement du courrier. Flanqué d’un chien, d’un chat et d’une fourmilière envahissante qu’il a laissé proliférer en plein milieu de son salon, Fredrik nourrit deux passions journalières, véritables repères dans ses interminables journées hivernales : s’immerger totalement dans l’eau glacée et rédiger son journal.
ais un jour, une femme débarque sur son île, une femme qu’il a connu il y a bien longtemps… Et plus rien ne sera désormais pareil dans la vie de cet homme.
Mankell possède une plume incroyablement évocatrice vous prenant méchamment à la gorge… Solitude, hiver, cancer… Un road movie ténébreux de haut vol. La nature, le corps et les âmes sont soumis à rude épreuve ! L’écriture est magnifique, simple mais vraie, sans fioritures, pleine de justesse et d’émotions. De rebondissements en révélations, Mankell construit un récit touchant empreint d’une humanité bouleversante !
Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire Jonas Jonasson
Allan Karlsson s’enfuit de sa maison de retraite par la fenêtre afin de fuir la cérémonie organisée pour ses 100 ans.
Commence alors un périple incroyable dont l’élément déclencheur est une valise contenant 50 millions de couronnes suédoises.
Ce livre nous emporte immédiatement. C’est un polar dont les personnages très attachants sont en incessante cavale. c’est un petit chef d’oeuvre d’humour noir, de clins d’oeils ironiques à l’Histoire, décalé et déjanté.
L'armoire des robes oubliées Riikka Pulkkinen
Alors que sa grand-mère Elsa se meurt d’un cancer foudroyant et que tous ses proches se rassemblent pour adoucir ses derniers jours, Anna découvre que, derrière le mariage apparemment heureux de ses grands-parents, se cache un drame qui a marqué à jamais tous les membres de sa famille.
Une vieille robe oubliée trouvée par hasard, et dont elle apprend qu’elle aurait appartenu à une crertaine Eeva, va réveiller le passé. Cette Eeva dont on ne lui a jamais parlé aurait été dans les années 60 la nourrice de sa mère. Mais Anna ne tarde pas à comprendre qu’elle a été beaucoup plus qu’une employée et que son grand-père, peintre célèbre, l’a profondément aimée…
Cette trame de base est somme toute très banale, au fil des pages c’est une narration alternant les époques et les narrateurs. Ca parle d’amour, de mort, de tromperie, de remords, de pardon et de sacrifice. C’est très mélancolique. Mais je n’ai pas réussi à m’intéresser à cette histoire, peut-être parce que le titre me laissait en entrevoir une autre. Une fois fini ma lecture, je suis restée sur ma faim…
Le mec de la tombe d'à côté Katarina Mazetti
Désirée et Benny se rencontrent au cimetière. Deux solitudes que pourtant tout oppose : Désirée est bibliothécaire, Benny lui est agriculteur. Et pourtant ces deux-là vont s’aimer. Mais leurs différences seront-elles un frein à leur amour ou un enrichissement ?
C’est un roman plein d’humour sur les relations amoureuses de deux êtres en pleine déconfiture sentimentale. Désirée a tendance à penser comme un charretier alors qu’elle est censée être l’intellectuelle, alors que pour Benny, l’auteur, n’évite pas toujours les clichés liés à sa situation.
La fin bien qu’inattendue me laisse perplexe… Hormis ces petites réticences, « le mec de la tombe d’à côté » vous fait passer un moment agréable, avec deux héros attachants et drôles.