Par delà la pluie Victor Del Arbol
Voici un livre criant de vérité sur deux personnes âgées qui partent à la recherche de leur passé.
Nous sommes à l’extrême pointe du sud de l’Espagne, à Tarifa, dans une résidence pour seniors. Le livre nous fait suivre deux septuagénaires que rien ne destinaient à se rencontrer. Ancien directeur de banque, Miguel est aussi mesuré et prévisible qu’Helena est impulsive et extravagante. Le décès d’un pensionnaire et la santé de Miguel les décident à solder leurs comptes avec la vie. Ils entreprennent de partir au volant d’une flamboyante Datsun 1967. Miguel veut sauver sa fille des griffes d’un pervers narcissique, et retrouver un troublant amour de jeunesse. Helena aimerait revoir son fils installé à Malmö en Suède. Son existence est un champ de ruines depuis la disparition de son père au Maroc dans son enfance, le suicide de sa mère et un mariage sans amour.
Chacun sera le miroir de l’autre dans sa quête de vérité pour pouvoir refermer les blessures traumatisantes de l’enfance et trouver la paix de l’âme.
On imaginerait tout de suite un roman classique avec des aventures prévisibles et une romance entre deux protagonistes. L’auteur a, au contraire, un réel talent pour mener ce road movie dans un entrelacs d’émotions et de récits qui conduit cet étonnant tandem à un dénouement inattendu saisissant de vérité. Après avoir saisi ces personnages dans leur réalité quotidienne, sans pathos et sans concessions, il nous fait traverser les difficultés du grand âge et de la maladie avec beaucoup de bienveillance et de pertinence. L’étonnant est qu’on en sort revigorés, persuadés que la vie, même dans la vieillesse, est un très beau voyage.
L'été des quatre rois Camille Pascal
Le récit en juillet et août 1830, mois qui ont vu se succéder sur le trône quatre rois de France, Charles X, Louis XIX, Henri IV et Louis Philippe de la branche des Orléans.
Charles X abdiqua en faveur de son fils Louis XIX qui ne régna que 22 minutes étant bègue et incapable de régner. Henri V qui refuse d’être le roi de la 3ème restauration et enfin Louis Philippe qui fut roi des français jusqu’au 1848.
La révolution Les trois glorieuses est déclenchée par Charles X qui décide de légiférer par des ordonnances visant à mette fin à la liberté de la presse, à dissoudre les chambres et organiser de nouvelles élections en réservant le droit de vote à des collèges électoraux uniquement. C’est à dire remettre en place le fonctionnement de l’ancienne monarchie, autrement dit, allumer la mèche d’un baril de poudre : le peuple ne supporte plus les Bourdons, symbole de la révolution.
C’est une lecture historique, pleine de détails, avec des descriptions minutieuses, mais qui rend parfois la lecture un peu lourde et longue, que j’ai lue à petite dose. La description de l’exil de Charles X sur les routes de France avant d’arriver à Cherbourg pour embarquer pour l’Angleterre est trop longue.
Le point positif : Ça relate (pour ma part) cette période de l’histoire un peu méconnue ou un peu oubliée surtout dans sa chronologie en repositionnant la révolution qu’on appelait les trois glorieuses et ce qui l’a déclenchée, où l’on voit monter en puissance la colère du peuple et où Paris s’enflamme.
Dans ce roman on croise de nombreux grands noms de la littérature française, qui choisissent suivant les cas de se mêler à la révolution, de se soumettre à l’ancien roi, ou de s’en moquer complètement tel que : Chateaubriand et Stendhal, Alexandre Dumas et Lafayette, Thiers et l’immense Victor Hugo, Alfred de Vigny et Talleyrand… ce survivant à tous les régimes.
Ne t'enfuis plus Harlan Coben
Nous sommes à New York. Simon vit heureux auprès de sa femme médecin et de ses trois enfants. Toutefois, sa fille aînée disparaît sans raison…
Simon tentera tout pour la retrouver, quitte à mettre sa propre famille en danger. L’épilogue est très surprenant.
Ce livre est agréable à lire et décrit parfaitement l’emprise de certains individus sur d’autres plus faibles, en approchant des quartiers difficiles, des dealers, des sectes…
Le secret de l'empereur Amélie de Bourbon Parme
Le secret de l’empereur est le roman de la désaffection du pouvoir, de son détachement, du retrait, du renoncement de Charles Quint aux titres et au trône. En quelques mois, d’octobre 1555 à septembre 1558, c’est tout un monde qui va se dissoudre, l’Histoire qui va basculer du Palais des ducs de Brabant à Bruxelles au monastère de Yuste, du bruit et de la fureur au silence religieux. Renoncement à la gloire, à la guerre et au monde, renoncement aux palais et aux courtisans, aux honneurs et aux trahisons pour ne garder que quelques fidèles compagnons et ses horloges – Elles rythmaient des jours plus illustres, la durée d’un pouvoir universel, venu de Dieu. Les horloges et les montres seront sa grande passion et son beau mystère.
Le secret de l’empereur est le roman de cette passion et de ce mystère de l’horloge noire. Si le soleil ne se couche jamais sur son empire, ses horloges ne devraient jamais s’arrêter sur sa nouvelle vie, leurs aiguilles tournent de la lune au soleil, et c’est ce mouvement qui le passionne, ce défilement, ce va-et-vient, les secrets qu’elles recèlent et le silence de celles qui se reposent ou s’endorment.
Le secret de l’empereur est le roman du bouleversement, Charles Quint est fatigué, il souffre de la goutte, mais aussi lassé du pouvoir. Il s’est battu sur tous les fronts, sous tous les ciels, contre le Pape et la Réforme, l’Empire ottoman, son nom brille sur toute l’Europe, mais il a le désir de faire de ses dernières années de vie, des moments de divertissement. Il souhaite enfin percer le secret de l’horloge noire, cette horloge imaginée par un moine hérétique espagnol. Charles Quint va finir par s’embarquer pour la Péninsule Ibérique, puis prendre le chemin de Yuste. C’est là, il en rêvait, qu’il va finir sa course. Ses yeux ne seront plus attirés que par la mécanique céleste de ses horloges et de celle qui reste silencieuse, celle dont le secret se dérobe, Silencieux, malade, n’affrontant plus que la mort qui tisse sa toile tout autour du monastère.
Amélie de Bourbon Parme n’est pas seulement une lointaine parente de Charles Quint, elle est avant tout un écrivain brillant, un auteur stylé – quel délice de ne pas succomber à la mode de la féminisation volontaire ! –, un peintre de l’âme, et de ses tourments. Elle possède cet art singulier du détail, l’œil voit juste et l’oreille saisit le moindre silence. Sous sa plume, Charles Quint marche, parle, se grise de passion pour les mécanismes célestes, évoque ses conquêtes et ses alliances, tient tête à ses courtisans d’ambassades, doute, rêve et se prépare à quitter la terre.
Amélie de Bourbon ou l’élégante passion de la narration…
La porte des ténèbres, La terre des damnés Glen Cooper
Suite à un accident lors d’un essai d’un collisionneur dans la région de Londres, une porte s’est ouverte sur une autre dimension. La porte des enfers s’est ouverte. Emilie la scientifique chargée des essais disparaît et à sa place apparaît un homme qui ne semble pas être du monde des vivants. John ancien militaire, chargé de la sécurité du centre des essais, qui a entamé une relation amoureuse avec Emilie, fait remettre l’accélérateur en route et il disparaît à son tour ! Il se retrouve sur une autre terre qui est peuplée d’humains morts, ils sont totalement normaux sauf que toutes ces personnes ont été des assassins dans leur vie antérieure et ne peuvent plus mourir sur cette Terre qui semble être l’Enfer.
john va rechercher Emilie qui entre temps a été capturée par la garde d’Henri 8 et il s’ensuit lors de ces trois tomes une série d’aventures qui les conduira en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne où ils rencontreront des personnes historiques.
On adhère… ou pas. C’est effrayant et drôle avec beaucoup de suspense et de rebondissements. C’est l’enfer de Dante en version moderne. On y rencontre certaines personnes historiques telles que Robespierre, Himmler, Clovis, Garibaldi, Staline et beaucoup d’autres. Une fois ces différents faits intégrés, l’histoire est divertissante. A découvrir !
Vers la beauté David Foenkinos
Antoine Duris, brillant professeur aux Beaux Arts de Lyon décide de tout quitter du jour au lendemain. Le morceau visible de l’iceberg est une rupture amoureuse mais on pressent qu’une autre peine violente le ruine.
Il se présente à un poste sous qualifié au Musée d’Orsay comme gardien, tente dans la contemplation des œuvres d’art de mettre sa vie entre parenthèses et de se réparer.
Une autre vie blessée, celle de Camille, va entrer en scène. Jeune fille étudiante en art, peignant elle-même avec beaucoup de talent, cache un drame. Les destins d’Antoine et Camille vont se croiser !
Une lecture qui remplit d’émotions. Chacun cherche son propre chemin vers la consolation, pour Antoine la contemplation de la beauté est un pansement sur la laideur !
Deux soeurs David Foenkinos
C’est une histoire d’amour. Quand Etienne lui annonce au jour au lendemain qu’il la quitte, alors qu’il lui avait promis de l’épouser et de lui faire un enfant, le monde de Mathilde s’écroule. Elle se laisse tomber dans la dépression. Elle est professeur de lettres, et seuls ses élèves la font tenir debout. Elle adore son métier, leur enseigne avec dévouement, et son proviseur tient beaucoup à elle. Après s’être étonnée d’un premier arrêt de travail émanant d’un psychiatre, elle finit par reprendre le travail mais voilà qu’elle commet une faute professionnelle et se retrouve bannie de son lycée, puis à la porte de chez elle…
Mathilde a une soeur, Agathe, qui s’aperçoit que sa soeur sombre dans une dépression très sévère. Elle lui propose alors d’emménager dans le trois pièces qu’elle partage avec son mari Frédéric et leur fille Lili. Puis tout bascule… et là, je dois dire que l’auteur donne à cette histoire un tournant inattendu.
C’est une histoire dérangeante avec juste ce qu’il faut d’humour pour éclairer un livre plutôt sombre. On peut dire que c’est un thriller psychologique où il y a du suspense, de la tension, du malaise et du déséquilibre mental, tout est là pour poursuivre la lecture et connaître rapidement la fin.
La lettre d'amour interdite Lucinda Riley
Londres en 1995. Joanna, journaliste, doit commenter les funérailles de Sir James Harrison. Une vieille dame l’accoste et lui confie le début d’un grand mystère…
Curieuse de par son métier, Joanna ne peut s’empêcher de fouiner, suivie de près par les Services Secrets britanniques. Elle enquête sur un dossier délicat et cela l’émoustille.
Ce livre n’a pu sortir en 1998, date du décès de Lady Diana. Voilà une piste intéressante !
Dans le murmure des feuilles qui dansent Agnès Ledig
Dans ce récit, on suit deux personnages :
Anaëlle a vu sa vie bouleversée par un accident. Elle se reconstruit doucement entre son travail, ses parents, ses amies et sa passion pour l’écriture. Suite à une correspondance pour les besoins de son roman avec Hervé, un procureur de la République marié et père de deux enfants, elle se rend compte qu’elle peut encore avoir une vie de femme et plaire malgré son handicap.
Thomas se rend tous les soirs à l’hôpital voir son petit frère de 8 ans et lui raconte des histoires merveilleuses d’arbres et de forêts pour mettre un peu de gaieté et de couleur dans la chambre d’hôpital. Il faut savoir qu’avant la maladie, Thomas emmenait Simon pour de grandes promenades dans la forêt et c’est un peu de cette forêt et de ses habitants que Thomas ramène dans la vie de son petit frère.
Tout le long du livre, les histoires de Anaelle et Thomas vont se croiser car ils se battent chacun à leur manière contre la fatalité. Il y a aussi Jocelyne, la greffière, qui est une femme odieuse, jalouse, mais attachante lorsque l’on découvre que sa vie a été très compliquée.
Un super coup de coeur pour ce roman qui nous fait reprendre espoir et confiance en le fait que la vie est plus forte que tout… Une réussite et un livre très émouvant, comme toujours avec Agnès Ledig.
Le coeur cousu Carole Martinez
Dans un village du sud de l’Espagne, une lignée de femmes se transmet depuis la nuit des temps une boite mystérieuse… Frasquita y découvre des fils et des aiguilles et s’initie à la couture. Elle sublime les chiffons et les robes de mariées, coud les êtres ensemble, reprise les hommes effilochés. Ses doigts de fées et ses prouesses la font passer pour une magicienne, voire une sorcière. Jouée et perdue par son mari lors d’un combat de coqs, elle est condamnée à l’errance à travers l’Andalousie. Elle traine avec elle sa caravane d’enfants, eux aussi pourvus ou accablés de dons surnaturels.
L’auteure a un réelle talent de conteuse. Dans un pays écrasé de soleil, elle nous entraine dans un récit d’un autre temps, celui où on croyait encore aux légendes et au surnaturel. Les fleurs qu’elle a cousu sur sa robe de mariée sont tellement vivantes que la jalousie des habitants du village les « fanent ». Le papillon fait s’envoler l’éventail sur lequel il est cousu et elle fait palpiter le coeur cousu sous le vêtement de la Madone… Les enfants sont « extraordinaires », couverts de plumes ou luminescents… Les récits sont tour à tour romantiques, poétiques, sanglants ou cruels. Certains passages sont lyriques, d’autres sont franchement cocasses. On se laisse emporter par la magie qui se dégage de ce si prenant et original récit.
Un premier roman envoûtant !