Le bal des folles Victoria Mas
Il était prudent, à la fin du 19ème siècle de ne pas afficher une conduite hors des sentiers battus, la sanction tombait : direction la Salpétrière, sans autre forme de procès, sans certificat médical et sans espoir d’en sortir.
Les femmes qui entraient dans cette institution perdaient leur identité, leur passé pour ne devenir qu’une pauvre folle, les hommes pouvaient, simplement décider que leur femme que leur fille étaient bonnes à enfermer …
C’était l’époque où Charcot travaillait sur les manifestations de l’hystérie, qu’il soignait par l’hypnose, devant un groupe d’étudiants admiratifs.
Aussi, une fois par an, il était possible de se mêler, le temps d’une soirée, à ces femmes enfermées dans ce fameux hôpital pour un bal comme on va au zoo !
A travers l’histoire d’Eugénie, Vitoria Mas nous fait vivre le quotidien des habitués du service de psychiatrie, patientes et soignants, et c’est toute la détresse de ces femmes qui apparaît. Basé sur des documents historiques, le roman nous fait frémir d’indignation sur le sort injuste de ces femmes humiliées, muselées, étouffées, hypnotisées.
Dans une coque de noix Ian Mac Ewaen
Le narrateur est un foetus qui se trouve à l’étroit dans le ventre de sa mère qui doit accoucher dans peu de temps. Ce foetus, par un procédé miraculeux, entend tout… C’est ainsi qu’il apprend que Trudy a un amant, Claude, qui est le frère de son père. Son père John est un poète talentueux qui adore Trudy, alors que Claude, son amant, est un être ignard et intéressé.
C’est alors que Trudy et Claude, pour filer le parfait amour, décident d’éliminer John en l’empoisonnant avec un smoothie à base d’antigel.
Dans le ventre de sa mère, le foetus suit toute la machination de Trudy et de Claude, son oncle, pour se débarrasser de John, et va essayer de les en empêcher…
Roman captivant, d’une intensité remarquable, ainsi que déroutante, sombre, mais aussi réjouissant. Attention, le foetus veille, réussira-t-il à empêcher le crime ?
Le livre des choses cachées Francisco Dimitri
Ils sont quatre, Fabio, Tony, Mario et Art, quatre amis d’enfance qui, fidèles au Pacte qui les unis, se retrouvent 1 fois par an dans leur village natal du sud de l’Italie pour célébrer l’amitié, le temps qui passe et les rêves que l’on poursuit mieux à plusieurs. Mais cette année, Art, le plus flamboyant d’entre eux, n’est pas au rendez-vous. Art a disparu. De nouveau, comme il y a 22 ans. Personne n’a jamais su ce qu’il s’est passé à l’époque. Art était réapparu et la vie avait repris son cours.
Ses amis le pressentent, cette nouvelle disparition est liée à la première. Mais elle est aussi plus inquiétante, car les années ont fait d’Art un homme à la fois solaire et mystérieux, aux relations troubles et aux passions déroutantes. Sous le soleil des Pouilles où la mafia contrôle le moindre geste, où les traditions séculaires rythment encore les quotidiens, où le surnaturel n’est jamais loin, la disparition d’Art va confronter chacun à ses secrets et ses fantômes.
Les visages Jesse Kellerman
Ethan Muller, un galeriste new-yorkais, décide d’exposer d’étranges tableaux trouvés dans un carton d’un appartement miteux, qui mêlent à un décor torturé d’innocents visages d’enfants.
Mais un policier à la retraite croit reconnaître certains visages : ceux d’enfants victimes de meurtres irrésolus…
C’est essentiellement Ethan qui raconte son histoire dans un style plaisant à lire, ni trop ampoulé, ni trop plat, ni trop vulgaire. A noter que Jesse Kellerman dessine un portrait du monde de l’art et de ses protagonistes fort peu flatteurs. L’histoire est bien pensée, le roman bien écrit. Mais la fin est, à mon sens, plus que décevante. Probablement parce que j’ai lu ce roman en pensant justement que c’était un thriller et je m’attendais toujours à ce fameux « coup de théâtre »…
La peste Albert Camus
Le livre a pour thème la prise de conscience de l’absurde de la condition humaine, mais aussi celui de la révolte comme réponse à l’absurde, révolte qui conduit à l’action et donne un sens au monde et à l’existence.
L’histoire se déroule dans les années 1940. Elle a pour théâtre Oran durant la période de l’Algérie française. Le roman raconte sous forme de chroniques la vie quotidienne des habitants pendant une épidémie de peste qui frappe la ville et la coupe du monde extérieur.
C’est un livre qui commence comme un roman mais qui monte très vite en intensité. Il est difficile à lire car le thème est grave et anxiogène pour peu qu’on partage les journées du docteur Rieux principal personnage de ce roman. C’est un livre très intéressant sur les méandres des comportements humains dans un contexte de crise et de mort.
La première empreinte Xavier-Marie Bonnot
Le commandant de Palma dit le Baron, à dix ans de la retraite, pratique une police à l’ancienne. L’histoire se déroule à Marseille dans les années 90. Le livre est truffé de mots ou d’expression type marseillais ce qui donne un petit côté authentique à l’histoire.
Plusieurs enquête pour meurtres sont menées conjointement et au début ça part un peu dans tous les sens, le lien entre chaque meurtre étant difficile à établir.
Ce qui fait l’originalité du livre par rapport à d’autres polars est sa thématique. Une professeure de préhistoire disparaît et un mois plus tard, on retrouve son corps en partie décomposé dans les calanques. Dans le même temps un maniaque qui se prend pour un homme de Cro-Magnon assassine sauvagement des femmes de la région, les découpe et en dévore certaines parties. Le Baron enquête dans le milieu des chercheurs en préhistoire et on apprend de nombreuses choses très intéressantes sur la Provence vingt mille ans avant notre ère. L’intrigue tourne autour de la découverte d’une grotte, aujourd’hui située à quarante mètres de profondeur sous l’eau dans les calanques, du chamanisme et des règlements de compte mafieux.La grotte existe réellement, on y trouve l’image du premier assassinat connu, celui de l’homme tué, du nom de la peinture rupestre trouvée dans la grotte.
Il y a des rebondissements, des fausses pistes, de l’action, une guerre des polices, mais le Baron viendra finalement à bout de l’affaire ?
La lecture est très agréable on découvre le milieu des spécialistes de la préhistoire, le travail des chercheurs, les coutumes des peuples anciens et l’art pariétal.