Ne t'arrête pas de courir Mathieu Palin
Avis de Magali :
Le jour, Toumany Coulibaly est un athlète hors norme.
Cinquième enfant d’une famille Malienne qui en compte 18, champion de France du 400 mètres, espoir des JO, il court vite, très vite.
La nuit, il ne peut s’empêcher de braquer des pharmacies, enchaîne les peines de prison, ne sait pas dire non quand on lui propose un énième sale coup.
Mathieu Palin rêvait d’être footballeur, il est devenu journaliste.
Il enquête dans les prisons, rencontre les détenus.
Ces deux hommes, issus de la même banlieue parisienne, vont se rencontrer, et de parloir en parloir, se découvrir, se lier d’amitié, se dévoiler.
Ce roman est bouleversant.
Tout y est authentique, juste, sans mièvrerie ni parti pris.
Les échanges entre ces deux hommes plein d’espoir et d’avenir sont très enrichissants.
Toumany se livre peu à peu,raconte sa vie de malien- français, sportif de haut niveau, issu d’une famille immigrée,pauvre.
L’enfer de la vie carcérale y est décrit sans complaisance, emprisonnement qui enfonce un peu plus à chaque fois.
Puis l’amour et la famille, qui aide, inébranlable quoiqu’il arrive.
Et le sport, les défis, le succès, les podiums, l’adrénaline toujours, autant pendant les courses qu’avec la police.
Nul besoin d’aimer l’athlétisme pour apprécier cette belle histoire humaine qui interroge autant sur la justice que l’égalité des chances.
La fin reste ouverte, quelques recherches sur le net vous donneront des nouvelles de ce sportif attachant.
Avis de Michelle :
Prix interallié 2021
Nous ne sommes pas dans une fiction : TOUMANY COULIBALY est issu d’une famille d’origine malienne, avec 18 frères et sœurs, il grandit en banlieue sud de Paris. Il se découvre du génie pour la course, il devient sportif de haut niveau (surtout pour le 400 mètres) il deviendra champion de France, mais gâche son talent en réalisant sans cesse des vols et des braquages. Il est de tous les coups foireux qui vont l’envoyer en prison pour plusieurs années et briser ses rêves de jeux olympiques.
Mathieu PALIN, journaliste, intéressé par tout ce qui se passe dans le milieu sportif (ayant lui-même rêvé de devenir footballeur) décide de rencontrer TOUMANY pour connaître son histoire. Ce dernier purge une peine de prison à BRÉAU après avoir été à Fresnes.
Il demande un parloir qui est accepté et rencontre tous les mercredis TOUMANY qui lui confie avec des mots touchants, qui semblent sincères, ses regrets d’avoir gâche sa vie, et son envie de s’en sortir pour sa femme et ses enfants. L’évocation de la dureté du milieu carcéral et le combat qu’il mène pour y survivre dignement, gardant l’espoir en s’entraînant journellement à courir dans la cour de la prison, qu’en sortant il pourra reprendre la compétition.
Le livre met en avant les difficultés des athlètes qui ne gagnent rien pour leurs exploits, 650 euros par mois, alors qu’ils doivent avancer tous les frais de leur poche (péage, essence, hôtel …). Indéniablement, quelque chose ne tourne pas rond dans ce système.
Le début est un peu déroutant (la rencontre au parloir puis la vie de TOUMANY COULIBALY qui défile courses, entraînements et braquages se succédant de façon assez monotone). L’écriture est descriptive, mais on fini par être captivé par l’histoire de cet athlète qui garde la certitude de s’en sortir ; l’amitié entre les deux jeunes hommes ; l’évocation de la dureté du milieu carcéral ; la recherche de la véritable identité de TOUMANY (un menteur ou un mec bien ?). Un récit captivant et qui se lit facilement.
Le coeur arrière Arnaud Dudek
RÉSUMÉ
Ça l’a surpris tout gosse, ce virage du hasard ; rien ne le prédestinait à devenir champion.
Repéré à douze ans pour son talent au triple saut, Victor quitte sa petite ville, son père ouvrier, leur duo-bulle. L’aventure commence : entraînements extrêmes, premières médailles, demain devenir pro, pourquoi pas les JO ?
Victor court, saute, vole. Une année après l’autre, un sacrifice après l’autre. Car dans cette arène, s’élever vers l’idéal peut aussi prendre au piège.
ARNAULD DUDEK
Arnaud Dudek, né en 1979 à Nancy, vit et travaille à Paris. De Rester sage (Alma, 2012, sélection Goncourt du premier roman) à On fait parfois des vagues (Anne Carrière, 2020), il explore avec un tact rare les thèmes de la filiation, de la résilience. À son meilleur avec Le Cœur arrière, il livre un roman de formation poignant en même temps qu’une réflexion fine sur la pression subie par les sportifs de haut niveau.
MON POINT DE VUE :
Quel beau livre ! On entre à pied joint sur la passion de ce jeune garçon pour l’athlétisme et surtout le triple saut.
C’est vrai que le tableau amical et familial n’est pas folichon : une maman absente, un papa, ouvrier alcolo qui fait ce qu’il peut et ce garçon qui s’enthousiasme pour un sport finalement assez peu connu et reconnu.
Pratiquer un sport, rime souvent, même à un niveau amateur, avec dépassement de soi. Un investissement maximal qui élimine toutes les autres activités.
D’autant que la bienveillance peut déserter le terrain, et l’estime de soi, la confiance en soi avec… On connaît ça avec les maltraitances relayées maintenant par la télé.
Bon tout n’est pas noir ! il y a un copain, une petite expérience amoureuse …
Et puis … sa chute avec son corollaire de quotidien triste.
C’est une belle lecture, en totale sympathie avec ce jeune sportif, broyé par le harcèlement moral d’un coach maltraitant.
C’est passionnant, on suit le destin de Victor dans la dignité mais aussi dans la douleur :
– J’ai mal
– Où ça ?
– Victor avait désigné son cœur, et avait ajouté – derrière.
– Sous le cœur ?
– Oui. Pas le cœur qui bat, l’autre, derrière, celui qui se serre quand on perd.
Oeil pour oeil James Patterson
Dans un restaurant un avocat de la mafia est assassiné à quelques tables de Nick Riley un grand reporter qui est en train d’interviewer une star de baseball déchu.
Style simple mais rythmé, chapitre court, intrigue bien construite, manque parfois de liens entre les actions, peu de profondeur des personnages, mais surtout l’intrigue tourne essentiellement sur des règlements de comptes entre mafieux.
La petite communiste qui ne souriait jamais Lola Lafon
1976, JO de Montréal.
Personne n’a oublié cette petite fille de 14 ans, petite fée des Carpates, virtuose de la gymnastique, qui obtient pour la première fois un 10 sur 10 : Nadia Comaneci.
Née en Roumanie, sous le régime de Ceausescu, la petite Nadia, à force de volonté, de privations, d’abnégation, sous la coupe d’un entraîneur aussi protecteur qu’impitoyable, va devenir la plus grande gymnaste de tous les temps.
Fascinée par le destin de Nadia, Lola Lafon retrace librement la vie de ce petit phénomène de la gymnastique, arrachée à ses parents, soumis à un entraînement surhumain, boosté aux cocktails médicamenteux, privé de nourriture…
La petite accepte tout, se plie à tout et à tous, se défie des blessures, de la faim, des douleurs permanentes, le cerveau lavé par la propagande de Ceaușescu. Elle veut être la meilleure et elle va tout gagner pendant des années, au prix de son enfance sacrifiée.
Ce livre est aussi l’histoire de la Roumanie communiste, la surveillance constante, la police des menstruations, les naissances forcées, la délation, la peur…
L’autrice a vécu en Roumanie jusqu’à ses 12 ans, elle parle de ce qu’elle a connu. L’histoire de Nadia est indissociable de cette Roumanie là, qui s’ est appropriée le corps de cette enfant pour sa propre gloire.
Sa puberté, que Nadia appelle » la maladie », va sonner le glas de la gloire ; ni les régimes drastiques, ni les médicaments ne pourront empêcher son corps de changer.
Critiquée, désavouée, insultée par les médias du monde entier, elle retrouvera un semblant de gloire aux USA.
Ce livre est assez déconcertant, de part la structure du récit qui oscille entre faits réels et correspondances imaginaires entre l’autrice et Nadia.
Est-ce un témoignage historique, une biographie romancée, ou un roman fiction ? Il est certain que beaucoup de faits sont avérés, cependant, ces fausses lettres et ces propos que l’autrice prête à Nadia m’ont déstabilisée. Qu’a pensé Nadia Comaneci de cette réécriture de sa vie ? Le livre ne donne aucune réponse.
J’ai pourtant pris beaucoup de plaisir à me plonger dans ce roman, à redécouvrir la gymnastique, tellement poétique et gracieuse, à souffrir avec ces gamines qui semblent tellement heureuses malgré tout.
Une lecture vivante, souvent dure, sans complaisance ni pour cette Roumanie aujourd’hui révolue, ni pour nos pays occidentaux loin d’être des modèles.