Le syndrome du canal carpien John Boyne
Une fois n’est pas coutume, j’ai jeté mon dévolu sur un « feel good » et je n’ai pas été déçue.
Une famille britannique (2 parents, 3 enfants), type nouveau riche, célèbre, évolue dans le milieu audiovisuel, littéraire (euh?), digital. L’argent coule à flots rendant la vie facile à chacun d’entre eux.
L’auteur s’amuse à croiser, entrecroiser tous les protagonistes, multipliant à souhait les intrigues mettant durement à l’épreuve les liens conjugaux, parentaux et fraternels.
Voici un roman loufoque limite burlesque, farfelu, rocambolesque mais regorgeant aussi de bons sentiments.
Critique drôle de notre société actuelle, il égayera vos sombres journées d’hiver. Je vous promets de bons moments !
Son odeur après la pluie Cédric SAPIN-DEFOUR
Comment ne pas succomber à cette couverture qui attire de suite mon regard, et ce titre qui en dit long…
Bien-sûr qu’il ne s’agit pas d’un scénario, une histoire remplie de suspens ou de rebondissements, mais plutôt un roman qui témoigne d’un amour indéfectible d’un homme pour son chien et vice-versa.
C’est étonnant mais émouvant, avec des détails, des sensations et surtout, un apprentissage de la vie, autant pour l’homme que pour l’animal.
Une relation qui n’a d’égal que de l’amour qu’on porterait à ses proches. Ce beau bouvier bernois, Ubac, que l’auteur voit comme un être à part entière.
Et ces phrases, au fil des pages, qui vous touchent comme celles-ci : « La vie, pour qui veut la voir, est partout et qui se dit seul est aveugle. », « Qui n’a jamais éprouvé l’angoisse que l’absence s’absente ? »
J’ai adoré ce livre qui est un bel hommage aux êtres qui nous entourent.
Sur tes traces Harlan Coben
Cela fait 5 ans que David est incarcéré pour l’assassinat de son fils. Depuis il nie ce meurtre et perd le goût de vivre. Matthew état toute sa vie !
Une visite, la seule depuis ces longues années, va lui redonner l’envie de se battre : Rachel lui annonce que Matthew serait vivant !
David va alors se démener pour retrouver cet enfant chéri. Mais ces recherches seront jonchées d’obstacles.
Va-t-il retrouver Matthew ? Que lui est-il arrivé cette nuit-là ? Qui est l’enfant retrouvé mort ?
A vous de le découvrir…
Bonne lecture !
Le mage du kremlin Giuliano da Empoli
La lecture, une fenêtre sur le Monde…
Cette maxime prend ici tout son sens. Un roman, certes, mais inspiré de personnalités réelles et de faits politiques incontestables.
Il nous retrace les calculs ayant mené à l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, jusqu’alors simple apparatchik, après les présidences de Gorbatchev puis d’Eltsine. Le pays sombre alors dans le chaos après les privatisations et le cortège d’oligarques qu’elles ont engendrés.
On y croise Limonov mais aussi Evgueni Prigojine, c’est dire si nous replongeons dans l’actualité. On connaît tous la suite bien sûr.
Mais l’auteur s’attache aussi à nous rappeler combien la grandeur d’âme, le patriotisme des russes étaient des composantes de ce peuple mis à mal lors de l’effondrement du communisme et la faillite de l’ouverture à l’occidentalisme. L’Occident vu de l’Est est perçu comme une gloire au matérialisme et à la suprématie de l’argent.
Alors, à lire si ce n’est pas déjà fait (ne s’agissant pas d’une nouveauté) pour ce qu’il nous apprend de cette nation.
Nos rêves ordinaires Elodie Chan
Un été de l’année 2000, dans une banlieue pavillonnaire, des jeunes naviguent entre amitié, désir, sensualité, amour et solitude, tissent des liens, en défont d’autres, assistent impuissants aux nœuds qui se font et se dérobent, tentent d’étouffer les cris qui résonnent en eux.
Romane, elle, tente d’éviter les coups qui pleuvent de la main de son père violent, et s’oublie dans sa relation d’amitié fusionnelle avec Lola, une fille jolie, énergique mais qui veut devenir comme les modèles féminins que l’on voit à la télé. Puis il y a Gabriel, le beau gosse du quartier qui ne pense qu’à « se faire » des filles ; Chloé, étiquetée « intello », qui adore lire et qui est mal dans sa peau ; et Cy, qui tombe fou éperdument amoureux de Romane. Des personnages certes stéréotypés mais qui, sous la plume fébrile et entêtante d’Elodie Chan, en se cognant à l’amour, révèleront au cours du roman leurs fragilités et découvriront (parfois) leurs forces. On s’attache tout de suite à tous ces jeunes, même ceux auxquels on ne s’identifie pas d’emblée.
Cette histoire m’a replongée en plein dans l’époque où sur les ondes se mélangeaient Alizée, Leny Kravitz et Nirvana, Mousse T et Tom Jones (« Sex bomb sex bomb, you’re my sex bomb »… ), où la mode était aux fringues collées-serrées de chez Pimkie, ou, à l’inverse, à l’oversize pour cacher les formes que l’on (ne) voulait voir, au tout début de l’arrivée des portables, juste avant que la télé-réalité ne déferle sur les cerveaux et bien longtemps, malheureusement, avant que l’on ne parle de consentement : d’ailleurs il y a deux ou trois passages dans ce récit qui mettent très mal à l’aise (notamment celui sur le viol). Je recommande tout de même ce petit bijou de la collection « Exprim » chez Sarbacane, en particulier à la génération née dans les années 80 / début 90 !
Noyade Céline Spierer
Dissection d’une famille en réunion pour un déjeuner. On passe de personnage en personnage ; ce qu’ils disent, ce qu’ils veulent paraître, ce qu’ils sont vraiment. Un bijou !
Nos coeurs disparus Céleste NG
Etats-Unis, futur proche. La Crise a laissé bon nombre d’Américains sur le pavé. La faute à qui ? A la Chine dont le développement a brisé net la suprématie de la grande Puissance.
Les Dirigeants mettent en place un système de protection de la Culture et des Traditions américaines.
Tous les citoyens sinno-américains sont suspectés d’atteinte à cette nouvelle politique. Des enfants sont enlevés à leurs parents pour être placés dans des familles d’accueil américaines « pur sang ».
Et dans cette mise en œuvre, les bibliothèques sont vidées d’une grande partie de leur contenu. C’est pourtant par leur biais, que Bird, un garçonnet issu d’un mariage mixte, se met à la recherche de sa mère, chinoise d’origine, qui a disparu un beau matin sans plus donner signe de vie.
Un récit glaçant sur la restriction de libertés engendrant peur, repli sur soi, dénonciation et violences, et pourtant tellement possible. Il est raconté en partie à travers des yeux d’enfant, toujours juste ; beaucoup d’amour entre les personnages, véhiculé grâce aux mots (un linguiste), à la poésie (une poétesse) et aux bibliothécaires.
Un livre qui rend grâce à la littérature, alors à lire, vraiment.