Djinns Seynabou Sonko
Jimmy, le voisin et ami de Penda, est interné en hôpital psychiatrique pour traiter sa schizophrénie.
Mami, Penda et Shango essaient de trouver des solutions pour l’en sortir. Mami, guérisseuse africaine, souhaite le faire voyager jusqu’au Gabon pour le soigner grâce à l’Iboga, une racine aux multiples vertues.
Au fil du roman, Penda nous livre ses réflexions sur la vie et certains souvenirs vécus au côté de Jimmy.
J’ai trouvé le fond creux et sans intérêt. Il n’y a pas vraiment d’intrigue, pas vraiment de but. L’internement de Jimmy est présenté comme la base du roman mais n’apporte pas grand chose à l’ensemble.
Quant à la forme, elle m’a gênée, voire agacée et m’a définitivement éloignée de ce premier roman. Le langage de rue, le “verlan” et autres expressions y remplacent le français. Les phrases n’ont pas de sens et sont grammaticalement incorrectes. Un parti pris qui s’adresse peut-être aux lecteurs aguerris mais dessert la littérature.
(exemple – page 103- “Et même si aujourd’hui ça me fait un peu de la peine, wallah c’était golri de dingue de voir à quel point elle donnait tout pour incarner la sauvage”)
Le titre reste un mystère pour moi. L’auteur explique dès les premières pages que le pluriel de “Djinn” est “jnoun”. Pourtant, dans le titre tout comme dans le livre, le mot “djinns” apparaît. Cette notion est d’ailleurs restée un mystère du début à la fin…
Le coeur cousu Carole Martinez
C’est une histoire sur trois générations de femmes espagnoles unies par le mystérieux pouvoir de la couture. L’héroïne, Frasquita, s’est vue transmettre par sa mère un coffret à couture.
Mal mariée à un forgeron, elle sera mère de cinq filles et d’un fils, tous dotés de pouvoirs surnaturels. Frasquita finira par fuir son village avec ses enfants. Pris dans les tourbillons de l’histoire, les exilés se retrouveront au cœur d’une terrible bataille entre une bande d’anarchistes et l’armée régulière espagnole magicienne pour les uns, sorcière pour les autres, qui les obligera à traverser la Méditerranée et à se réfugier en Algérie française.
Le style de l’écriture est très travaillé, chaque phrase et chaque chose est très détaillée, très décortiquée, un peu lyrique, rendant parfois la lecture compliquée. Quant aux splendides et courageux personnages de femmes, je comprends qu’ils aient pu émouvoir mais, de mon point de vue, ils perdent très vite en réalisme ce qu’ils gagnent en magie.
Ça reste reste toutefois un très bon livre entre contes et légendes.
Les gens de Bilbao naissent où ils veulent Maria Larrera
Récit autobiographique sur la quête des origines, ce premier roman révèle des secrets de famille, des mensonges et une page odieuse de l’histoire espagnole récente. Il montre aussi le cheminement de l’auteure, de la honte, dans la première partie du livre, liée à ses origines sociales, à ses parents immigrés et pauvres, et à la rancœur et la colère que cela implique, jusqu’à l’apaisement et la compréhension dans la seconde moitié du texte. Le thème n’est pas original, l’écriture l’est beaucoup plus, imagée, directe, dure parfois, sur la filiation, l’amour et l’identité.
Un premier roman dont j’aurai aimé être touchée mais dont je suis restée trop à côté. Pas d’émotions ou très peu.
En salle Claire Baglin
Dans un menu enfant, on trouve un burger bien emballé, des frites, une boisson, des sauces, un jouet, le rêve. Et puis, quelques années plus tard, on prépare les commandes au drive, on passe le chiffon sur les tables, on obéit aux manageurs : on travaille au fastfood.
En deux récits alternés, la narratrice d’En salle raconte cet écart. D’un côté, une enfance marquée par la figure d’un père ouvrier. De l’autre, ses vingt ans dans un fastfood, où elle rencontre la répétition des gestes, le corps mis à l’épreuve, le vide, l’aliénation.
Claire Baglin est née en 1998. En salle est son premier roman.
Ce sont deux histoires parallèles : la narratrice enfant et sa famille : un frère et des parents de condition modeste. Le père bosse à l’usine, il en revient épuisé par les cadences et les horaires décalés mais reste fier de son travail, le fast-food, c’est la sortie récompense après avoir trimé toute la semaine et la narratrice en garde un souvenir émerveillé malgré la précarité de la famille.
Dans l’autre histoire, il est toujours question de fast food, mais le rêve a disparu. Bienvenue dans le monde des cadences infernales, des ordres absurdes, des humiliations et autres mesquineries quotidiennes entre employés. La narratrice doit s’adapter à ce monde déshumanisé, sachant que ce n’est que le temps d’un job d’été.
J’ai eu beaucoup de mal avec ce roman :
1) L’alternance des situations familiales et d’enfance et de celle de ce job d’été qui me faisait perdre à chaque fois une demie, voire une page de lecture avant de me rendre compte que j’avais changé d’histoire !
2) La colère et la description systématiquement « à charge » de ce travail. C’est une description de la souffrance au travail lié à la répétition des tâches machinales « Je suis en salle parce que je viens d’arriver et que les nouveaux servent à être là où personne ne veut travailler. » Ce qui est souvent le propre des premiers emplois.
3) Elle n’évoque jamais la solidarité des collègues, la gentillesse de certains clients, voire la bienveillance des encadrants (y compris de la fameuse Chouchou)
4) Elle décrit surtout un premier contact désenchanté avec le monde du travail qui est loin d’être un long fleuve tranquille.
Il est à mettre en parallèle avec le travail de son père qui est sale, harassant, qui après 30 ans de labeur en reste fier et digne !
Miss Atomic Laure Coromines
Synopsis
Années 50, La ville de St Georges, dans l’Utah, voit se développer un tourisme surprenant .
On vient de loin pour assister aux multiples essais de bombes nucléaires tirés depuis le Nevada voisin.
Toute la ville surfe sur cette manne financière inespérée : le burger explosif, la coupe de cheveux explosive, le cocktail explosif, et surtout l’élection de Miss Atomic qui cristallise les passions.
Trois jeunes amis, habitants de St George,rêvent eux aussi d’explosions, d’ amour, d’avenir dans cette cité perdue et sans espérances pour la jeunesse.
Ma critique
Miss Atomic est un roman terrifiant, un témoignage édifiant sur le mensonge d’État au sujet des risques nucléaires.
Il y eut effectivement des dizaines d’essais nucléaires dans le désert du Nevada entre 1950 et 1963.
Un tourisme s’est ainsi développé de Las Vegas à l’Utah pour admirer ces titanesques explosions.
Il n’y eut aucune prévention, aucune information quant aux risques liés à l’ exposition aux radiations .
Le gouvernement américain a réfuté toutes les mises en garde, cela malgré les nombreuses maladies, malformations des nourrissons…
Ce premier roman de Laure Coromines est à la fois un témoignage historique mais aussi un beau roman sur l’amitié adolescente où tout est possible, où l’espoir est quand même là, malgré la violence et les mensonges des adultes.
J’ ai beaucoup aimé l’écriture fluide et originale de l’autrice.
Le lecteur suit le parcours de ces jeunes, se souvient de ses états d’âme adolescents, de cette période de notre vie où l’on se croyait invulnérable.
Un coup de cœur, un coup d’essai mais un coup de maître !
Blizzard Marie Vingtras
Synopsis :
Au cœur de l’Alaska, un enfant disparaît en pleine tempête. Les recherches commencent, une femme, deux hommes, qui affrontent les éléments déchainés pour essayer de retrouver le petit garçon. Chacun avec ses secrets, ses peurs, son passé, dévoilés au fil du récit.
Ma critique :
En découvrant ce livre, les chapitres très courts m’ont d’abord rebutée.
Puis, au fil des pages, j’ai été happée par l’histoire et j’ai lu le roman en quelques heures.
L’intrigue est bien ficelée, le lecteur a envie de savoir, l’écriture est limpide, les chapitres courts donnent du rythme et du suspens au récit, chacun du point de vue d’un personnage.
Par contre, j’ ai envie de qualifier ce roman de « gentillet » tant les personnages sont manichéens.
C’est blanc ou noir, des gentils, des méchants, les gentils triomphent, les méchants sont punis.
Pas de demi-teinte, et un côté très morale religieuse lourde qui m’a vraiment déplu .
Pourtant, l’histoire, ce petit garçon perdu qui donne prétexte à une galerie de portraits, aurait pu être intéressant . Mais l’autrice, fait surprenant pour une avocate de profession, a écrit un roman « feel good » jusqu’à la chute que l’on devine aisément.