Le petit joueur d'échecs Yôko Ogawa
Un petit garçon né les lèvres scellées…
Un éléphant amené petit au sommet d’un immeuble et qui ne pourra jamais en descendre…
Un vieil homme, devenu obèse, qui vit isolé dans un bus.
Une petite fille, qui se cache entre deux murs et n’en ressort jamais…
Ce conte moderne reprend les thèmes de l’enfance et de la difficulté à grandir.
Le petit garçon initié aux échecs par un vieux sage, deviendra un maître des échecs invisible, évoluant sa vie durant dans l’ombre d’une poupée mécanique.
Nul besoin de connaître les échecs pour apprécier ce livre. Le profane découvrira le monde fascinant de ce jeu millénaire. L’initié se régalera de ce voyage autour de son jeu préféré.
Yôko Ogawa, figure de la littérature japonaise, nous emmène dans un monde poétique et onirique, empreint de nostalgie.
Un cri d’amour au centre du monde Kyoichi Katayama
« Qu’advient-il de l’amour quand l’être aimé disparaît ?
Sakutaro et Aki se rencontrent au collège dans une ville de province du Japon. Leur relation évolue de l’amitié à l’amour lorsqu’ils se retrouvent ensemble au lycée. En classe de première, Aki tombe malade. Atteinte de leucémie, elle sera emportée en quelques semaines.
Sakutaro se souvient de leur premier baiser, de leurs rendez-vous amoureux, du pèlerinage en Australie entrepris en sa mémoire. Quel sens donner à sa souffrance ? Comment pourrait-il aimer à nouveau ?
Puissant et pudique à la fois, le roman de Kyoichi Katayama est devenu au Japon un véritable phénomène de société, le plus grand best-seller de tous les temps, adapté au cinéma, et sous forme de manga. »
Biographie de l’auteur
Né en 1959, Kyoichi Katayama est diplômé de l’université de Kyûshû. Il a reçu le prix Bungakkai des jeunes auteurs pour son roman Kehai. Vendu à près de 3 500 000 exemplaires, Un cri d’amour au centre du monde a été adapté en manga puis en film.
Mon point de vue :
C’est un livre plein de poésie, de tendresse, mais aussi très réaliste. Aucune niaiserie, aucun pathos, pas de sensiblerie facile, le ton n’est pas mélodramatique. Il est juste.
Ce sont deux adolescents ordinaires, menant une existence normale, avec des parents aimants, de bonnes notes à l’école dont on suit la montée en amour, ce qui permet de lentement nous attacher à leur si romantique histoire et peut-être de nous identifier à eux . La maladie vient fracasser leur vie, et le livre parle de la mort avec retenue et finesse.
Le livre est magnifique mais j’ai peu vibré à ce roman que, je l’avoue, j’ai trouvé un peu mièvre. La retenue japonaise a certainement joué, en atténuant l’expression des sensations, en gommant la montée des émotions
Tokyo Mo Hayder
Greg, jeune anglaise, a consacré neuf ans de sa vie à enquêter sur le massacre de Nankin, perpétré par les japonais en 1937.
Arrivée à Tokyo sans un sou, elle rencontre un vieux professeur chinois, rescapé du massacre, qui possède un film témoignant d’une scène d’horreur qui hante la jeune fille depuis son enfance.
Il lui promet de lui montrer ce film à la seule condition que Greg lui procure un mystérieux remède détenu par un chef Yakuza fréquentant le bar à hôtesses où elle travaille.
Ce roman est un OVNI ; ni vraiment thriller, ni roman historique.
Deux temporalités se succèdent; l’une au Japon en 1990, l’autre en Chine en 1937.
Le lecteur plonge dans la culture asiatique et perd tous ses repères.
Des personnages jamais bienveillants, quand ils ne sont pas monstrueux. L’auteure spécialiste des thrillers, qui a vécu à Tokyo, livre ici un roman déroutant, une immersion dans un Japon effrayant où les Yakuzas sont les maîtres.
A réserver aux cœurs bien accrochés !
Certaines n'avaient jamais vu la mer Julie Otsuka
Nous sommes en 1919. Un bateau quitte l’Empire du Levant avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes femmes promises à des Japonais travaillant aux États-Unis, toutes mariées par procuration. C’est après une éprouvante traversée de l’Océan Pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
À la façon d’un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leurs misérables vies d’exilées… leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l’humiliation des Blancs… Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre et la détention dans les camps d’internement – l’État considère tout Japonais vivant en Amérique comme traître. Bientôt, l’oubli emporte tout, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n’avaient jamais existé.
Julia Otsuka a choisi une forme de narration qui ne me convient pas. L’idée de raconter l’histoire en employant le NOUS m’a déstabilisée, m’a empêchée d’être touchée par les souffrances, les traumatismes qu’ont subi ces femmes. Je ne suis pas vraiment rentrée dans cette lecture, j’avais l’impression d’égrener une liste, un chapelet, une longue litanie à n’en plus finir.
C’est sûrement un grand livre, mais j’en attendais beaucoup plus, je suis en partie passé à côté .
Les délices de Tokyo Durian Sukegawa
Résumé :
« »Écoutez la voix des haricots » : tel est le secret de Tokue, une vieille dame aux doigts mystérieusement déformés, pour réussir le an, la pâte de haricots rouges qui accompagne les dorayaki, des pâtisseries japonaises. Sentarô, qui a accepté d’embaucher Tokue dans son échoppe, voit sa clientèle doubler du jour au lendemain, conquise par ses talents de pâtissière. Mais la vieille dame cache un secret moins avouable et disparaît comme elle était apparue, laissant Sentarô interpréter à sa façon la leçon qu’elle lui a fait partager.
Magnifiquement adapté à l’écran par la cinéaste Naomi Kawase, primée à Cannes, le roman de Durian Sukegawa est une ode à la cuisine et à la vie. Poignant, poétique, sensuel : un régal. »
BIBLIOGRAPHIE
Né à Tokyo en 1962, Durian Sukegawa est poète, écrivain et clown, diplômé de philosophie et de l’École de pâtisserie du Japon. Après une carrière de scénariste, il fonde en 1990 la Société des poètes qui hurlent, dont les performances alliant lecture de poèmes et musique punk défraient la chronique. De 1995 à 2000, il anime sur les ondes d’une radio nationale une émission nocturne plébiscitée par les collégiens et les lycéens. Il est l’auteur de nombreux romans et essais. Son roman Les délices de Tokyo a été adapté pour le cinéma par Naomi Kawase en 2015.
Dans les traductions françaises il a écrit LE RÊVE DE RYOSUKE en 2018 et L’ENFANT ET L’OISEAU en 2022
Mon point de vue :
J’ai aimé ce livre doux comme une sucrerie !
Une vieille qui murmure à l’oreille des haricots azukis …Toute fripée, toute recluse de douleurs mais qui montre un tel amour, une telle compassion et une telle détermination. Elle nous embarque dans une histoire simple mais chargée de sens
C’est un bonheur de voir dans la progression du livre, l’histoire d’une magnifique leçon de vie : la transmission d’une passion à un jeune patron que la dureté de sa vie a désenchanté
On goûte avec leurs clients ces fameux dorayaki, petites pâtisseries japonaises à la pâte d’azukis, que la vieille prépare depuis plus de cinquante ans, sous le clair de lune.
C’est un très beau livre, facile à lire et si optimiste !
La république du bonheur Ito Ogawa
Hatoko est mariée à Mitsurô, le Papa de QP. Ils vivent en harmonie et tout en simplicité à Kamakura, dans le respect l’un de l’autre, dans l’empathie et le partage.
Hatoko est propriétaire d’une papeterie, où elle vend des articles destinés à la calligraphie et exerce ses talents d’écrivain public, tout comme sa grand- mère auparavant.
Chaque client est l’occasion d’un nouveau récit de vie, de nouvelles anecdotes.
Le roman d’Ogawa Ito nous baigne dans le quotidien d’une famille japonaise, nous transportant avec poésie dans un monde qui nous semble si exotique. Les valeurs humaines et le respect sont centraux. Avec beaucoup de délicatesse, l’auteure raconte les petits bonheurs du quotidien qui rendent si profondément heureux, malgré les tracas ou les drames du passé.
Les orchidées rouges de Shanghaï Juliette Morillot
Sangmi est une jeune fille de 14 ans qui aime étudier quand elle est enlevée par des soldats japonais à la sortie de l’école et enrôlée de force en tant que « femme de réconfort » pour l’armée japonaise. Elle connaîtra les pires cruautés, quittant la Corée pour la Mandchourie, puis la Chine, Singapour, Java, la Malaisie, pour finir à Hiroshima. Qu’adviendra-t-il d’elle lors de la reddition japonaise ?
C’est un roman difficile à lire car il décrit les horreurs que subissaient ces femmes, la plupart encore enfant, dans ces temps de guerre.
C’est un témoignage important sur des faits la plupart du temps ignorés, car jugés mineurs…
Bien qu’il soit présenté comme l’histoire de cette jeune coréenne, au caractère fort, poussée par une énergie farouche, et une haine tenace des japonais, sauvée plusieurs fois grâce aux études de langues qu’elle a faites, le récit de ce périple est hors du commun. Il semble plutôt relever de l’accumulation d’évènements vécus par plusieurs personnes :
Viols, avortements, conditions de marches forcées inhumaines dans la jungle de Malaisie, mais aussi le froid, les blessures, la torture ou les maladies et même l’irradiation à Hiroshima, cela semble beaucoup pour une seule personne.
Mais ce récit c’est aussi la beauté des paysages, la délicatesse des saveurs, des parfums, la description fine des atmosphères, les amitiés fortes entre consœurs, et une ode vibrante à la Corée.
Mon sentiment :
C’est un livre fascinant, qui reste longtemps en mémoire. La révélation de la cruauté des Japonais menés par un empereur fou d’ambition, ne respectant aucune loi de la guerre, le mépris de la femme, en particulier pour ces femmes, rejetées par leur famille parce que souillées, m’a fait prendre conscience, alors que l’on parle encore des horreurs nazies, du silence sur ces évènements et de leur oubli programmé ….
Pour moi, un livre à lire pour et par les femmes.
Robe de marié Pierre Lemaître
Sophie menait une vie paisible et, lentement, elle a sombré dans la folie…
Elle a tué son mari, sa belle-mère, une inconnue, son patron, l’enfant dont elle avait la garde. Mais elle n’a aucun souvenir de ces meurtres parce qu’elle est folle.
Alors elle fuit, se remarie, se réinvente une nouvelle vie. Mais ce passé oublié la hante. Sa démence s’aggrave.
Son mari, qui est-il ?
Pierre Lemaître nous entraîne dans une histoire diabolique; d’autant plus terrifiante qu’elle est réaliste.
Il manipule le lecteur comme il manipule son personnage principal, multiplie les points de vue dans un suspens insoutenable.
On plonge dans ce thriller psychologique tel un nageur en apnée, chapitre après chapitre, jusqu’à la dernière phrase.
Un roman addictif, magistralement écrit, par l’auteur “d’au revoir Là- haut”, qui est aussi un maître du suspens.
Histoires de moine et de robot. Tome 1, Un psaume pour les recyclés sauvages Becky Chambers
Le monde a changé, tout a changé, après une transition écologique majeure qui a évité la fin de tout.
Bienveillance, respect total de la nature, solidarité, partage, ne sont plus de vains mots mais une réalité concrète.
La moitié du monde a été rendue à la nature tandis que les Humains n’ont investi qu’une moitié du monde. Une moitié pour une seule espèce, c’est déjà un immense progrès.
Pourtant Dex, à qui tout réussit, qui est aimé(e), reconnu(e) dans son métier de “Moine de Thé”, n’est pas pleinement heureux(se) alors iel quitte la civilisation pour partir dans la nature sauvage. Iel y rencontre Omphale, un robot du monde d’avant qui lui pose une seule question, fondamentale et déstabilisante : de quoi les Hommes ont-ils besoin ?
Un roman, ou plutôt une nouvelle philosophique, poétique, spirituelle.
Court et pourtant riche et intense. Ce récit est extrêmement moderne et positif, sans jamais verser dans la niaiserie.
Ce monde d’après, imaginé par l’auteur, est une utopie merveilleuse qui pourrait peut- être devenir réalité ? Chacun de nous, ensemble, en possède les clefs.
Une bouffée d’air frais, un morceau de bonheur !
Rosy & John Pierre Lemaître
Une bombe explose dans Paris, un obus de la guerre 14-18 relié à un détonateur. Le poseur de bombe se rend à la Police. Il a posé six autres bombes du même type, qui exploseront, une par jour.
Sa revendication : extravagante ! Qu’on le laisse partir libre, avec sa mère emprisonnée, pour l’Australie, avec quatre millions en liquide…
Un roman qui se lit d’une traite, en apnée.
On retrouve le commandant Verhoeven, confronté à un fils sous l’emprise de sa mère psychotique.
Le récit porte sur trois jours, détaillés par tranches horaires, une course contre la montre.
Pierre Lemaître, prix Goncourt pour “Au revoir là- haut”, excelle pour décrire les ressorts psychologiques de ses personnages. On vit, on tremble, on réfléchit avec son commandant préféré.
Ici, peu de sang, pas de scènes dérangeantes, simplement une enquête qui se révèle délicieusement terrifiante jusqu’à la dernière ligne. Un coup de coeur !