Sound of metal Darius Marder
Ruben et Lou, ensemble à la ville comme à la scène, sillonnent les Etats-Unis dans leur camping-car entre deux concerts. Un soir, Ruben, batteur dans le groupe, est gêné par des acouphènes ! Un médecin lui annonce qu’il sera bientôt sourd. Désemparé, et face à ses vieux démons, Ruben va devoir prendre une décision qui changera sa vie à jamais…
Darius Marder (scénariste du très bon film « The place beyond the pines » avec le génial Ryan Gosling) signe avec ce film son premier long métrage de fiction, ce qui explique quelques maladresses, notamment dans l’enchaînement trop rapide de certains rebondissements de l’histoire. Rien de grave pour autant, le sujet reste fort et la mise en scène réussie. On ressent vraiment la gêne physique de Ruben et tout son univers qui s’effondre face à cette surdité qui apparait rapidement : le cinéaste juxtapose l’univers sonore du quotidien aux perceptions de Ruben, des acouphènes au total silence, en passant par les sons étouffés et déformés… « Sound of Metal » se révèle une fascinante immersion sensorielle dans le monde des malentendants.
Connemara Nicolas Mathieu
Le seul défaut de « Connemara », de Nicolas Mathieu, c’est son titre, allusion à la chanson de Sardou qui une fois, rentrée dans le crâne ne veut pas s’en déloger !
« Connemara », c’est un roman politique. Nicolas Mathieu poursuit le fil rouge qu’il avait entamé dans « Leurs enfants après eux », avec ses thèmes de prédilection : la jeunesse, à travers des portraits d’adolescents poignants et sensibles, et comment, dans une France périphérique, en particulier l’Est de la France, cette jeunesse se débat soit à travers des tentatives d’ascension sociale, soit dans des échappatoires pas toujours très orthodoxes, soit en empruntant un peu tous ces chemins à la fois.
Dans « Connemara », Nicolas Mathieu explore les mécanismes du déterminisme social à travers des trajectoires individuelles et collectives ; mais cette fois, on est dans le monde des collectivités territoriales et la percée du secteur privé, notamment des cabinets conseils, qui viennent vendre à prix d’or aux institutions leur novlangue et leur cortège de méthodes manageriales dites « innovantes ».
Tout ça pourrait paraître rasant, mais sous la plume de Nicolas Mathieu, cette prise de pouls de la vitalité de nos institutions a quelque chose de cynique et l’état des lieux est surtout terriblement lucide. Mais « Connemara » aussi un roman sur le couple, la famille, le temps qui passe, ce que le temps charrie avec lui et laisse traîner sur son passage – bref, le désenchantement, le réenchantement, aussi parfois, mais aussi tout l’amour et la quête de sens qu’une existence humaine peut comporter.
La fille de la grêle Delphine Saubaber
Dans une lettre, Marie raconte à sa fille Adèle son enfance, dont elle ne lui à jamais rien dit. A 80 ans et grâce à l’aide d’une infirmière, elle a choisit de partir, en finir avant d’avoir mal.
Elle lui livre un récit émouvant sur les douleurs de son enfance passée dans une ferme au cœur d’une campagne profonde et isolée. De ses parents et surtout de son petit frère beau comme un ange qu’elle a énormément aimé mais « pas fini » selon le diagnostique du médecin de famille.
Elle dévoile, elle donne sa vérité… ces années de labeur à la ferme, celle de la folie qui se cachait aux Glycines, celle de cette nature puissante mais maîtresse de tout qui apporte abondance ou pauvreté, celle de la violence des poings du père et la douceur d’une mère soumise Madeleine.
Ce récit est bouleversant, dur et touchant. Un grand coup de cœur.
L'île de grand-père Joung-mi Yoon
Bienvenue dans un univers onirique et fabuleux… Mais l’histoire ne commence pas tout à fait comme ça : c’est un petit garçon qui est en vacances chez son grand-père, qui habite au bord de la mer. Ce petit garçon a du mal à lever sa tête de sa tablette, même si l’endroit est magnifique. Un jour, il se résigne à accompagner son grand-père en bateau pour voir une « grotte marine », et là il se laisse happer par la beauté merveilleuse du lieu…
C’est une histoire douce, et cette légèreté, est relevée par la technique de peinture tâchetée et le choix des couleurs un peu tièdes, qui tirent sur le pastel.
Une ode au rêve et à l’imagination, qui ne tombe pas dans la culpabilisation par rapport au fait de jouer tout le temps aux jeux-vidéos.
Ceux que je suis Olivier Dorchamps
Un livre extraordinaire sur le fond et la forme, qui nous montre bien la force de nos racines.
Pas moi Elise Gravel
Voici le dernier album en date d’Elise Gravel, une autrice-illustratrice que j’adore d’abord pour son trait et ses univers faits de petits personnages – parfois monstres, parfois humains, mignons et rigolos – ensuite pour ses engagements et son militantisme.
Je vous invite d’ailleurs à aller voir son site web elisegravel.com où l’on peut trouver plein de petites BD bienveillantes sous forme de conseils de vie.
Quant à « Pas moi », il ne se présente pas. Il se lit et se dévore !!! Je ne veux pas vous gâcher le plaisir, donc je ne préfère ne rien vous dévoiler. La seule question à se poser, c’est : « Mais QUI laisse traîner ses chaussettes partout ?? »