Avant que le monde ne se ferme Alain Mascaro
Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au cœur de la steppe peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d’un cirque, entouré d’un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce » fils du vent » va traverser la première moitié du siècle en devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d’un peuple sans mémoire.
La première partie du récit est poétique, on voyage avec ce peuple nomade hors des sentiers battus, sans contraintes avec ses coutumes et ses croyances aux esprits.
La deuxième partie nous propulse dans le pire de la haine de la deuxième guerre mondiale qui broie ce peuple tzigane. Ghettos, camps de concentration et marche de la mort. La triste réalité de cette partie du livre prend trop de place et nous empêche de reprendre paisiblement la suite de ce roman.
Conclusion : la première partie très agréable à lire qui vous laisse dans une atmosphère poétique, la deuxième partie masque totalement le plaisir ressenti et la suite de la vie d’Anton me semble peu convaincante.
Celle qui brûle Paula Hawkins
Paula Hawkins fait de bons petits polars, pas trop psychologiques, pas trop sanguins. C’est bien scénarisé, et on s’accroche pour avoir le fin mot de l’histoire. Le fait d’alterner entre passé et présent, entre un livre devenu best-seller et la vie de ses auteurs, le fait de nous faire côtoyer de nombreux personnages qui pourraient être les coupables idéaux, surtout les plus dérangés ou les menteurs, donnent le rythme nécessaire.
J’aime découvrir ces histoires complexes où des personnes ont subi des traumatismes importants, et qui se remettent plus ou moins de cette blessure. Cette auteure a la particularité d’écrire des thrillers psychologiques qui explorent les failles de l’esprit, de fouiller dans le dedans de chacune de ses héroïnes, d’aller chercher le résidu de braise qui a définitivement changé la personne.
Fleurs de feu Sarah Lark
Le roman de Sarah Lark nous fait voyager en Nouvelle-Zélande au XIXe siècle.
En 1837, de nombreux colons rêvent d’un nouveau monde et d’une nouvelle vie. C’est la cas d’une communauté très pieuse d’Allemagne, pour la plupart des luthériens, branche dure, du christianisme qui décide de partir s’installer en Nouvelle-Zélande.
Quand ils arrivent à destination, après plusieurs mois d’une navigation éprouvante, la promesse d’une vie meilleure n’est pas au rendez vous. Les terres promises et achetées avant leur départ ont été attribuées à d’autres colons.
Ils décident, malgré de nombreuses mises en garde, d’accepter au péril de leur vie de s’implanter sur d’autres terres inhospitalières, la communauté est divisée par cette décision, mais les anciens imposent leur choix et acceptent, car c’est Dieu qui leur envoie une nouvelle épreuve…
Le récit nous fait découvrir le pays, l’histoire de cette île lointaine envahie par les arrivées européennes. Comment le peuple Maori qui vit sur ces terres ancestrales et qui se voit spolier de son territoire va-il-réagir ?
Le thème de l’égalité homme-femme, de la protection de la nature et des croyances, le respect de la religion et son interprétation nous fait passer par toutes les émotions.
Très bon roman, qui sera suivi d’une suite que j’attends avec impatience.
Le passager sans visage Nicolas Beuglet
Tout d’abord je vais vous présenter Nicolas Beuglet : pour ceux qui ne le connaisse pas, c’est un auteur de thrillers, ses récits se basent toujours sur des faits réels, des problématiques de notre monde dont souvent nous ignorons l’existence. A la fin de ses livres, vous trouverez les sources avec les références sur lesquelles il s’appuie pour étayer ce qu’il écrit .
LE DERNIER MESSAGE traite de la manipulation de la population aux moyens des outils numériques et des réseaux sociaux, de l’accès sans limite à des jeux qui appauvrissent la pensée humaine et la liberté de penser, ayant pour conséquence la baisse du QI, et donc une prise de pouvoir inodore par nos grands consortiums mondiaux.
Cette fois-ci, Nicolas traite de deux thématiques diamétralement opposées mais qui s’imbriquent l’une dans l’autre, une action ne pouvant aboutir sans que conjointement l’autre soit menée à bien.
La première partie : vider notre civilisation de sa mémoire pour mieux soumettre les peuple : « tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à a servitude », « un peuple sans culture, c’est un peuple sans mémoire et un peuple sans mémoire ce n’est pas un peuple, c’est un troupeau qui préfère se battre pour une télé que pour une idée »
La deuxième partie: je ne vous en dirai rien, je vous dirai seulement cela : si vous n’avez pas peur des contes de fées, et bien vous devriez ! Quelles sont les significations de ces contes ? A vous de les découvrir…
Nicolas Beuglet nous plonge dans les perversions les plus terribles de nos sociétés. Et si parmi les puissants qui régissent le monde se cachaient aussi des montres sans visage ?
Les confluents Anne-Lise Avril
Quelle magnifique lecture, à la fois douloureuse et sublime !
Ce livre, premier roman de Anne-Lise Avril, est point de rencontre entre des cultures et des peuples différents, entre le désert et la forêt, entre la nature et son environnement. Entre un homme et une femme. « Les confluents » est voyage, amour, il est adaptation et survie, il est hélas aussi parfois confrontation et saccage. Le livre entremêle deux périodes charnières : le futur, autour de l’année 2040, où la montée des eaux est devenue réalité, et le présent de Liouba, journaliste écrivant sur le changement climatique, et Talal, photographe de guerre que le destin ne cessera de séparer et de ramener l’un vers l’autre ….
La plume pour décrire cette vie et ces errances prend de l’ampleur et de la puissance au fur et à mesure du récit et ce qui me parut un peu timide au début du roman m’a émerveillée de plus en plus, et généré une émotion poignante.
Mon mari Maud Ventura
« Mon mari” décrit la vie quotidienne d’une femme bourgeoise. À travers les sept chapitres, du Lundi au Dimanche, l’auteure dresse le portrait d’une épouse passionnée par l’Amour qu’elle porte à son mari au détriment de ses enfants ou tout autre personne et activité extérieure.
Excessive, jalouse, soignant sans cesse son apparence (parce que son mari “n’aime pas quand elle se néglige”), focalisant son attention sur les moindres détails du quotidien pour les analyser et s’en rendre malade, au service et à la disposition de son mari, ne vivant qu’à travers lui, elle est décrite comme une personne instable et hystérique.
Ce roman semble faire l’apologie de la misogynie, de la dépendance affective et de la manipulation au sein du couple, démontrant que le rapport de force est normal.
Un roman qui me révolte puisqu’il ne dénonce pas les violences mais les rend ordinaires et justifiées.