Juste avant le bonheur Agnès Ledig
Avis de Michelle :
Une jeune mère célibataire avec un enfant de de 3 ans, caissière, est prise sous l’aile protectrice d’un homme bon et intègre. Celui-ci l’emmène en vacances en Bretagne, en compagnie de son fils médecin, lui-même cassé par le suicide de son épouse quelques mois plus tôt. Ce médecin est remplacé par une jeune doctoresse, qui manifestement ne respire pas la confiance en elle… Les relations entre toutes ces personnes se nouent de manière très rapide, et elles en viennent trop vite à déballer des choses intimes, de manière profonde pour des gens qui ne se connaissaient pas quelques jours avant. Et puis survient le drame.
Je n’ai pas adhéré à cette histoire (certes dramatique) devant la multitude de déboire, d’échecs, de drame et de fatalisme.
Avis de Geneviève :
Un jour, on peut tout envoyer balader… Sans préméditation, sans vraiment y réfléchir. Juste en croisant une vieille dame sur son chemin.
C’est précisément ce que va faire Edouard, en plantant son épouse sur le quai d’une gare, il décide, sur un coup de tête, de prendre un bus qui va le mener vers Brocéliande.
Là, dans une chambre d’hôtes environnée d’arbres centenaires, encore hagard de son geste insensé, il va rencontrer Gaëlle la douce, son fils Gauvain, enfermé dans le silence d’un terrible secret, Raymond et ses mots anciens, Adèle, jeune femme aussi mystérieuse qu’une légende. Et Platon, un chat philosophe.
S’il cherche dans cette nature puissante les raisons de son départ, il va surtout y retrouver sa raison d’être.
D’abord centré sur ses problèmes, «pris au piège d’un fonctionnement tacite accepté il y a bien longtemps», Édouard va peu à peu s’ouvrir aux autres, découvrir qu’il peut aussi aider ces personnes qu’il côtoie et dont les traumatismes ne sont pas moindres que les siens. La confiance s’installe et chacun accepte de partager ses secrets. La fuite face à un père violent pour Adèle, l’hypersensibilité pour Gauvain, la douloureuse solitude pour Gaëlle qui le pousse à lui faire cet aveu. Il a retrouvé la trace d’Élise, son amour de jeunesse: «Nous nous sommes quittés à dix-sept ans, nous en avons cinquante, l’histoire est incroyable.»
C’est un livre qui fait du bien. En le lisant, je me suis assise, dans cette belle forêt et j’ai vécu quelques heures au gré des battements de cœur de ces personnages si vivants. Je me suis sentie abritée du monde, là sous les branches anciennes et tellement vivantes d’une terre magicienne …. Un roman comme une pause, un roman comme une introspection.
C’est un livre facile à lire et romantique mais, mais moi qui aime les livres denses et toniques, je l’ai trouvé un peu « lisse ».
... mais la vie continue Bernard Pivot
C’est l’histoire d’un homme qui vient d’avoir 82 ans. Déjà ?
Jadis il était toujours pressé, il régnait sur le monde de la culture et se sentait invincible.
Aujourd’hui, à la retraite, c’est le calme : les défaillances du corps, les anxiétés de l’âme, la peur de perdre ses vieux amis qui forment une bande de joyeux octogénaires. Une autre vie commence. Avec le plaisir de pouvoir enfin prendre son temps et le perdre.
A travers ce narrateur qui lui ressemble comme deux gouttes de vieux bourgogne. Bernard Pivot raconte le grand âge à sa façon. Curiosité, lucidité, humour, c’est bien lui.
Et c’est bien sa manière de proposer une petite leçon de gouvernance individuelle où chacun trouvera quelques recettes pour vieillir heureux.
J’ai bien aimé car c’est un livre sur la tendresse. Pivot y cultive la bonne humeur, le rire, le persiflage, l’autodérision qui sont les huiles bienfaisantes dont il démontre qu’elles allongent la vie, mais qui, c’est évident, rendent-celle ci plus légère, moins angoissante.