Hotel Castellana Ruta Sepetys
Dans Hotel Castellana, l’auteure nous fait découvrir l’histoire de l’Espagne en 1957, soit 20 ans après la guerre civile, étayée par des faits historiques : l’oppression par la misère que subissent les opposants qui se sont soulevés contre le régime de Franco et la disparition de leurs enfants avec la complicité de l’institution catholique.
C’est à travers ces différents personnages que vous découvrirez cette époque méconnue qu’a connu l’Espagne : Daniel, fils d’un milliardaire américain, dont la passion pour la photographie permettra de dévoiler de lourds secrets en visitant Madrid, aidé par Anna qui travaille à l’hôtel où il est descendu et qui lui servira de guide ; Raphaël qui admire ce riche américain ; Fuga qui veut être Toréador ; Puri qui travaille dans un orphelinat…
Un coup de coeur poignant qui plaira aux grands ados comme aux adultes !
La voleuse de livres Markus Zusak
1939, le Führer, maître incontesté de l’Allemagne, se rêve maître du monde.
Une fillette, abandonnée par son père, se voit confiée par sa mère à une famille d’accueil. Les parents adoptifs n’ont guère davantage de moyens mais tellement d’amour à donner, chacun à leur manière. Arrive la guerre, avec les restrictions, le rationnement, le devoir à la patrie. Arrive également une promesse –faite bien des années auparavant- à tenir.
Alors malgré des conditions de vie de plus en plus difficiles allant jusqu’au dénuement, Liesel n’aura de cesse d’apprendre à lire. Et parce que les mots constituent son moteur, elle se met à voler des livres malgré les risques encourus dans un régime répressif où l’autodafé est de mise.
Les évènements dramatiques s’enchaînent, mais comme pour conjurer le sort, elle fera la lecture à haute voix aux personnes autour d’elle en détresse mais aussi aux habitants voisins venus se réfugier lors des bombardements dans un sous-sol déclaré abri anti-aérien par les autorités. Tous y trouveront une sorte d’apaisement et de réconfort.
Une narration plus qu’originale et émouvante ; une écriture fluide et vivante, un style simple ; et l’on se surprend à sourire malgré la dureté du récit.
Alors, le livre : produit essentiel ?
A découvrir.
Le sourire des fées Laure Manel
Les ingrédients classiques d’un « feel good » sont réunis pour nous enchanter, mais des sujets lourds et engagés sont également abordés dans ce nouveau roman de Laure Manel. Une suite émouvante de « La mélancolie du Kangourou »
Le sel de tous les oublis Yasmina Khadra
L’auteur nous invite à l’accompagner au cœur de l’Algérie des années 50 pour suivre un homme dévasté par le départ de son épouse. Il abandonne son emploi d’enseignant et se lance sur les chemin en quête de réponse dans une errance sans but. Adem va rencontrer des gens encore plus éclopés que lui mais qui gardent la foi dans la vie et qui lui tendent la main : Mika un nain qui se cache pour ne plus être rejeté mais qui va devenir son ange gardien, Mikki et Hada un coupe de fermier. Il rejette toutes mains tendues, et le personnage en devient particulièrement antipathique.
Le coup de cœur tient au fait que je suis allée jusqu’au bout de la lecture, captivée par le talent de conteur de l’auteur. Il nous dépeint également par petites touches ici et là les méfaits de la guerre d’indépendance, de la condition féminine dans une société religieuse et la pénible reconstruction économique sociale et culturelle du pays et surtout de savoir si enfin Adam est allé au bout de sa résilience, à vous de le découvrir ?
Si l'on me tend l'oreille Hélène Vignal
Cette histoire se déroule dans un monde pas si lointain difficile à situer dans le temps et qui se trouve à la croisée de plusieurs genres : un réalisme sanglant et un merveilleux fugace et doux, entre roman d’aventure et dystopie, un roman pour grands-ados mais que les adultes sauront également apprécier pour l’acuité exceptionnelle du récit.
Ce monde, c’est le Royaume des Trois Provinces qui est habité par des sédentaires et par des ambulants. Ces nomades vont de foires en foires et, selon leur métier, apportent aux locaux leurs talents de réparateur, coiffeuse, musicien, acrobate, ou encore leur manège d’animaux. Grouzna la discrète, l’héroïne de ce roman, elle, leur apporte leur futur prononcé dans un souffle… si l’on lui tend l’oreille.
Un jour, les ambulants apprennent via des affiches placardées dans les villes qu’une nouvelle loi leur interdit désormais le nomadisme. Tous se voient assigner un territoire via un papier administratif et ont pour obligation de s’y rendre dans les plus brefs délais. Grouzna et ses amis ne l’entendront pas de cette oreille, et c’est le début d’une fuite dans la campagne en compagnie de ses nouveaux amis pour échapper aux griffes du nouveau gouverneur et de ses sbires…
Durant leur périple, ils seront confrontés à une difficulté bien plus importante que celle de trouver à se réchauffer ou à cueillir à manger dans la nature : la peur de tomber sur les représentants du pouvoir et de faire l’objet de leur frustration et de leur mépris – peur qui finira par se transformer en rage salvatrice et en actions concrètes.
« Si l’on me tend l’oreille » m’a beaucoup touchée car c’est un roman qui parle d’entraide et d’union des forces dans un monde où règne l’arbitraire et la violence étatique, avec parfois même le concours du peuple, qui, lui-même tenu par la crainte, finit souvent par se conformer aux lois les plus iniques. Un vrai coup de coeur !
L'infini des possibles Lori Nelson Spielman
L’histoire de personnalités différentes, en quête de sens, d’amour et d’authenticité. Touchant, émouvant et drôle !
Hors normes Eric Toledano ; Olivier Nakache
Coup de cœur pour cette comédie dramatique qui met en scène le quotidien des travailleurs sociaux, en particulier ici celui des associations venant en aide aux enfants et adolescents autistes.
Ce film met en lumière les difficultés (administratives, financières…) auxquelles les associations à vocation sociale sont confrontées au jour le jour et les solutions humaines qu’elles se retrouvent à devoir mettre en place – ou plutôt, devrait-on dire, à « devoir improviser », contre vents et marées – notamment pour tenter de pallier au manque de place, problème endémique dans ce type de structures sociales d’urgence.
Cette réalité complexe nous est livrée à travers les rôles touchants et drôles des deux personnages principaux, tous deux intervenants sociaux, interprétés par Reta Kateb et Vincent Cassel. Ce dernier joue une sorte d’Abbé Pierre juif* dévoué corps et âme pour ses jeunes et la survie de son association. Ensemble, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles à devenir travailleurs sociaux et aident les jeunes autistes à s’intégrer dans la société.
« Hors norme » n’est pas un documentaire – il faut préciser que ce film reste une œuvre de fiction, toutefois le tableau peint par les deux cinéastes prend ses racines dans une réalité sociale connue pour être chaotique… Mais ce film raconte aussi la fraternité, la bonne volonté et la solidarité qui existent dans ces associations et dans les quartiers dits « difficiles », au-delà des confessions et ethnies des uns et des autres… et il le fait avec beaucoup d’humour !
*comme on peut le voir dans le film « Hiver 1954 »