Qui sème le vent Marieke Lucas Rijneveld
Aujourd’hui, aux Pays-Bas ; une ferme, des vaches, une basse-cour, un peu de terres pour nourrir bêtes et gens ; y vit une famille, parents et 4 enfants, qui triment dur. Et la religion, protestante, présente puis omni-présente.
Un jour, un drame emporte la vie d’un des garçons. Et tout bascule.
Les parents sombrent chacun petit à petit dans une folie qui les enferme, les isole jusqu’à les couper du reste de la fratrie.
La dégringolade est vertigineuse.
Le récit est glaçant.
Pas de Littérature dans cet ouvrage mais un récit à l’écriture sans concession, un rapport de faits, de gestes, de paroles, bref du quotidien d’enfants et d’adolescents déserté peu à peu par l’humanité.
Touchant, extrêmement touchant.
Et toujours les forêts Sandrine Collette
« Et toujours les forêts » n’est pas le premier roman post-apocalyptique que je lis, mais c’est la première fois que j’expérimente de façon aussi haletante l’oscillation d’un être humain entre l’espoir et le désespoir, entre l’humain et l’animal.
Avant la catastrophe – avant la disparition des couleurs, avant la grisaille opaque, avant que la surface de la planète ne parte en fumée dans un fracas lourd et étourdissant, entravant jusqu’à ses entrailles nourricières – la vie de Corentin était déjà malmenée. Rejeté de famille en famille par sa mère, celle-ci finit par l’abandonner aux mains rêches mais aimantes de son arrière grand-mère Augustine, dans les forêts. Forêts qu’il ne quittera qu’une fois jeune homme pour ses études à Paris – en réalité, Paris n’est jamais mentionnée sous un autre nom que « la grande ville », toute polluée et suffocante qu’elle est déjà, tout comme les signes avant-coureurs de la grande extinction le sont aussi ; et c’est pendant qu’il nage dans l’insouciance et l’effervescence d’une fête sous les catacombes, que tout implose à la surface.
J’ai adoré la construction de ce roman et les thèmes que Sandrine Colette lui accroche, au delà du fléau qui s’abat sur la Terre. Cela tient à de toutes petites choses, comme par exemple la ridicule étincelle d’espoir qui réside dans une pousse d’herbe, laquelle a beau se tarir la page suivante, mais qui est tout de même suffisante pour nous faire prendre une grande inspiration, jusqu’à l’épuisement, deux pages plus loin – mais il n’y a pas d’autre choix que de continuer…
Un coup de cœur inattendu pour moi qui d’habitude fuis les « romans noirs », un roman étrangement salvateur, sans que je ne sache bien dire pourquoi…
Broadway Fabrice Caro
Moi qui adore ses BD loufoques et drôles à souhait, je voulais tenter un de ses romans et « Broadway » a été présenté comme un coup de cœur par une libraire. Alors je me suis laissée tenter, et j’ai bien fait ! Pages après pages, ce roman est d’un réalisme étonnant et hilarant ! Le personnage principale, qui est aussi le narrateur, n’est autre qu’un homme d’aujourd’hui, se posant des questions sur sa vie, mais aussi se cachant derrière le mensonge pour préserver une certaine image de lui-même… Il est tellement drôle, attachant et vrai. Monsieur Caro nous offre une histoire à « tête ouverte » : comment réagit-on lorsqu’on se retrouve dans des situations embarrassantes ? Un roman qui fait du bien même quand la réalité sonne à la porte… A bon entendeur !
Queen and Slim Mélina Matsoukas
Sur un scénario de Lena Waithe, le premier long-métrage de Melina Matsoukas prend la forme d’un road movie dans des contrées américaines rarement filmées dans ce genre cinématographique (de l’Ohio enneigé à une Floride caniculaire…). Folle épopée d’un couple improbable qui finit en histoire d’amour sur les terres du fatalisme social et racial ! Bande son géniale, acteurs excellents, une belle découverte !
Ce qu'il faut de nuit Laurent Petitmangin
Ce premier roman explore les relations entre un père et ses deux fils après le décès de la mère, sur fond social d’une Lorraine sinistrée par la désindustrialisation, mais portée par le football et les luttes ouvrières locales.
Il serait dommage de « spoiler » le retournement de situation (ou de veste) qui opère dans ce triangle familial et qui vient bouleverser le tendre équilibre qui liait père et fils ensemble dans le deuil de la mère, mais ce que j’ai apprécié, c’est que l’auteur amène cet élément déclencheur sans aucune forme de jugement ou de mépris littéraire.
Un premier roman ultra prometteur, sensible mais sans en avoir l’air, dans le sillage de Leurs enfants après eux de Nicolas Matthieu.
Sa Majesté des Ours Dobbs ; Olivier Vatine ; Didier Cassegrain
Nouvelle série avec ce premier tome « les Colonnes de Garuda » où j’ai découvert un univers très semblable à celui de « Game of Thrones ». Entre autres, des personnages puissants, comme le roi-Ours Von Noord, très détaillés jusqu’à leur caractère, et des scènes qui offrent des dessins incroyables et des paysages fantaisistes… Une belle série anthropomorphique, avec quelques petites touches d’humour, qui mérite d’être suivie !